Les coopératives veulent abaisser l’empreinte carbone de l’alimentation animale
La section de la nutrition animale de La Coopération Agricole affiche son objectif de baisser de 20 % les émissions de gaz à effet de serre liées à l’alimentation animale sur les cinq prochaines années.
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« Décarboner la nutrition animale et l’agriculture est notre priorité », assure David Saelens, président de la section de la nutrition animale de La Coopération Agricole, en convention annuelle le jeudi 9 novembre 2023 à Paris. Son objectif est clair : abaisser de 20 % les émissions de gaz à effet de serre liées à l’alimentation animale en France sur les cinq prochaines années. Car les chiffres sont sans équivoque : 70 % de l’impact carbone des filières d’élevage provient de l’alimentation animale.
« Un recul de 15 %, c’est aujourd’hui faisable en mobilisant l’ensemble des leviers à notre disposition, estime Jean-Claude Virenque, vice-président de la section de la nutrition animale de La Coopération Agricole. Les 5 % restants nécessiteront des ruptures technologiques. » Pour David Saelens, « toutes ces solutions nécessitent un investissement de la part des coopératives et des éleveurs. Un financement public est indispensable pour accompagner la transition, faute de rémunération du marché.
Relocaliser les approvisionnements
Car parmi les pistes envisagées figure celle de la relocalisation d’une partie des approvisionnements en protéines végétales. Or « en France, nous ne savons plus produire des pois protéagineux, témoigne Antoine Hacard, président de la section des métiers du grain de La Coopération Agricole. Les rendements sont désespérément bas. Il faut un plan protéines ambitieux, ainsi que des partenariats public-privé ». Même constat pour la féverole, en raison « d’impasses techniques consécutives à des interdictions de molécules phytosanitaires ».
Autre enjeu de souveraineté : celui des additifs. « On est en vrai danger », alerte Gaël Peslerbe, directeur général de Novial nutrition animale. Sur les acides aminés et les vitamines, l’Union européenne est dépendante à 80 % de la Chine, estime la section de la nutrition animale de La Coopération Agricole. Or les acides aminés sont « un vecteur important de recul du soja consommé », souligne Patricia Le Cadre, directrice des études sur l'alimentation et les filières animales au Céréopa, le centre d’étude et de recherche sur l’économie et l’organisation des productions animales.
Améliorer les indices de consommation
Afin d’abaisser l’impact carbone de l’alimentation animale, la spécialiste évoque également la piste de matières premières plus vertueuses, à l’instar des céréales françaises. « On peut imaginer une adaptation des itinéraires techniques et le recours à des engrais verts. » Pour autant, « on ne peut pas formuler sur la seule réduction des gaz à effet de serre, au risque d’aboutir sur des résultats peu satisfaisants sur d’autres indicateurs environnementaux », prévient Patricia Le Cadre.
Parmi les autres leviers de réduction de l’impact carbone de l’alimentation animale présentée par la spécialiste figurent également l’incontournable amélioration des indices de consommation des animaux, ainsi que le recours à des aliments adaptés (nombre de phases, digestibilité). « La baisse des cheptels ne réduira pas les impacts environnementaux de la France. Elle ne fera que les externaliser dans des pays aux normes et aux performances environnementales bien moindres que les nôtres », insiste David Saelens.
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